mardi 27 juillet 2010

C’est ce jour-là que ma vie s’est arrêtée. Que je suis décédée. Morte. A l’intérieur. Que j’ai cessé d’exister.
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La pluie battait contre la fenêtre, et le ruisseau jouxtant le jardin s’était fait torrent. Les gouttes d’eau s’écrasaient avec un bruit sourd contre la petite vitre, et les volets de part et d’autre de celle-ci claquaient l’un après l’autre, comme dans une danse rythmée par le vent.
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« Un ouragan. »
« La tempête de l’année. », avaient-ils annoncé, à la radio.
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J’imaginais déjà les routes barrées par des arbres fracassés contre le sol, les lignes à haute tension tombées, s’agitant comme de grands serpents, crachant des étincelles. Toute petite, ma mère me disait déjà que j’avais trop d’imagination, que cela me jouerait des tours. Que je n’avais pas les tripes. C’est vrai, je n’ai jamais été bien courageuse ; pourtant, ce jour-là, c’était différent, la peur me taraudait, vraiment.
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Cela faisait alors quatre mois que j’avais investi ce petit pavillon, isolé, pittoresque coin de forêt, à la sortie d’un village. Premier pas dans la vie, ma vie, premier logement, première voiture, premiers accrochages. Et le toit qui fuyait. Et les toilettes qui n’avaient de cesse de se boucher. Et les murs mal isolés. C’était mon chez-moi, à moi. Toutefois, j’y étais seule, et c’était difficile.
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J’ai l’impression que c’était hier. Que rien n’est arrivé depuis.
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Recroquevillée sur mon fauteuil, j’observais les flammes du poêle factice qui tenait lieu de cheminée. La télévision me faisant encore défaut – panne perpétuelle -, j’avais gardé ce présent de ma tante : quitte à s’ennuyer, autant le faire devant une image assez peu réaliste d’une flamme pixelisée. Mes yeux avaient besoin d’un endroit où se fixer sans regarder, cette horreur faisait l’affaire.
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Tap. Tap. Tap.
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Le bruit de la pluie m’exaspérait. Silence intérieur troublé par l’infernal boucan du déluge, et le tic-tac régulier de la pendule près du téléphone. A deux doigts de la crise de nerfs, je saisis le livre le plus proche : Les Nains, de Heitz. Commençais à en feuilleter les pages. Je l’avais terminé l’avant-veille. Je priais pour qu’un heureux inconnu se présente à ma porte, vienne rompre le malaise ambiant. Car même seule, je parvenais à créer une gêne.
Formidable.

samedi 3 juillet 2010

Chocolat..

Un voyage vers la Belgique, chez une blonde. Eh oui, j'ai du courage, me dira-t-on. Mais je vais vous confier un secret. Quand bien même F. serait difficile à supporter, je reviendrai de ces très (trop) courtes vacances aussi requinquée qu'un kikoulol après un Jungle Speed endiablé.
Enfin. Je suis dans le train. Thalys. Hystérique. Si, c'est le mot, car encore une fois, ou plutôt, à nouveau, je passe d'un visage à faire pâlir les morts à un sourire qu'envirait la femme la plus bottoxée de la planète. Je suis dans le Thalys, pour une fois je ne pleure pas, même si jai eu du mal. Il est vrai que tes bras ne font pas vraiment la même taille, F., mais tout de même, la dernière personne à m'avoir serrée comme ça, ça me fait mal d'y repenser. Après une semaine, une heure et trente-huit (ouit) minutes avec toi, il est vrai que je ne pensais pas avoir droit à un câlin. Erreur.
J'ai honte. Savez-vous pourquoi ? Car une amie m'a hébergée sept jours, m'a fait en partie oublier es maux, et moi, moi, tout ce que je trouve à penser, c'est.. pas ça. Enfin, si, durant mes phases joie prolongée, c'est vers Ans que se tournent mes pensées. Mais lorsque les larmes montent à mes yeux et menacent de franchir la ligne de mes paupières, ce n'est plus dans la même direction que je regarde.

Je sais qu'il n'est pas agréable d'entendre parler sans cesse de souvenirs inintéressants, surtout lorsqu'ils sont répétés à l'infini. Mais tout cela est vrai. La dernière fois que.. Je ne peux m'empêcher d'y penser. Je sais, c'est mal, vous ne faites que me le répéter. Je le sais, je le sais, je le sais. Et alors ?

Exquise semaine passée avec F. Et maintenant, nous sommes soeurs de bracelets ! Souvenirs qui se bousculent, je ne sais pas lesquels m'appliquer à coucher sur le papier en premier, de peur de les oublier. D'ailleurs, je regrette de ne pas avoir fait cela il y a un mois. C'est une peur qui me taraude, elle me suit, me poursuit sans me laisser aucun répit. Oublier. Je l'ai confié, j'ai quelques problèmes de mémoire. Pourquoi ? Parce que je me souviens trop, et que je suis perdue. Je confonds, je me perds, je me perds, je me perds. J'avais peur d'oublier ces quelques jours. Alors je m'impose chaque soir quelques minutes, quelques heures pour me remémorer les visages, les odeurs, les gestes. Pas oublier, surtout pas oublier.

Jeudi. Vague.
A travers la large fenêtre du long train rouge sang, je t'ai vue. Tu attendais, et moi je mourrais d'envie de t'envoyer un message. 'JE TE VOIIIIIIIIS'. Ah oui, vieille habitude. Là aussi, la dernière fois.. Descendue.
Bise.
Bise.
Tu t'es donc adaptée à la France pour moi ? Vraiment gentil, car moi, avec ma tête de linotte et mon égoïsme typique, j'avais déjà oublié : chez les nordistes, c'est une bise. Et non pas deux, ou trois, ou quatre. Etrange...
Le bus. Eh bien, la dernière fois.. C'est fou le nombre de choses tout à fait ordinaires pour lesquelles je peux penser cela. Maison. Présentations, petit Twiggy, le vengeur masqué, et son accolyte Sherlock. Jeune Charlotte. Incroyables bestioles, il faut vraiment s'y habituer. J'ai été étonnée de voir à quel point ils peuvent se comporter comme des.. enfants. Je m'y suis beaucoup attachée, je l'avoue. Et puis vous savez-quoi ? La dernière fois..

Et puis nous sommes sorties, à nouveau. Soleil de plomb. Et la dernière fois. Et puis j'ai enfin racheté un élargisseur (ENFIN, OUI.), alors je suis contente. Et puis j'ai rencontré Chris, LE Chris. Et l'on est allé manger une glace. Grand Marnier, s'il vous plaît. Et puis un blue lagoon. Très bon, en plus de sa couleur superbe. Maison.
Je suis un aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiigle!

Dodo.
Je t'aime fort ? Non.