mercredi 4 avril 2012

Samedi dernier, à l'occasion de la venue à Paris d'une amie belge, j'ai pu faire un tour à la Bibliothèque Nationale de France, site de Richelieu, pour admirer une exposition de l’œuvre de Joël-Peter Witkin.



Witkin est un photographe américain de renom dans la profession mais qui, comme beaucoup, reste plutôt méconnu du grand public. Il faut dire que son travail, très décalé, n'est pas du goût de tous.

Joël-Peter Witkin est né le 13 Septembre 1939. Dès son adolescence, il photographie des monstres, ces bêtes que l'on trouvait exposées dans les foires de passage en ville. On retrouve cette passion pour l'étrange dans la plupart de ses clichés, clichés qui gênent, qui donnent à réfléchir, clichés qui montrent moult détails, tant qu'il est impossible de tous les noter à moins de passer des heures à les rechercher.



Maître de l'ironie imagée, Witkin arrive de par son travail à créer un sentiment de mal-être mêlé d'une envie irrésistible d'aller plus loin, il dénonce (selon moi) la nature humaine, qui cache son envie de bizarre et son intérêt pour la Mort en éveillant des sentiments inconscients en celui qui regarde son œuvre.


(A gauche, Apollon et Daphné de Bernin, à droite, Daphne and Apollo de Witkin. Rappelons qu'Apollon est le Dieu des Arts, réputé pour sa grande beauté, et Daphné est une nymphe.)


En effet, Witkin est l'un des rares photographes à collaborer régulièrement avec des morgues d'un peu partout, qui lui fournissent des modèles pour son art.
Autant vous dire qu'ayant appris ceci un peu avant la fin de l'exposition, j'ai vu tout son travail... Autrement.



Witkin est fasciné par la différence, par les tabous de la société : il aime représenter les "déviances sexuelles" comme le fétichisme ou le sado-masochisme, les étrangetés du corps (modèles hermaphrodites, femmes à barbe, corsets, déformations...) ou les personnes tout simplement *différentes* comme les nains ou les géants.



Son travail peut-être qualifié de dégueulasse, d'insultant ou que sais-je : mais je crois qu'il faut le percevoir à un autre niveau ; son œuvre provoque un sentiment de catharsis profond, nous sommes pris d'un intérêt pour l'image que les normes éthiques nous défendraient.

Nous prenons plaisir à contempler les images les plus exactes de choses dont la vue nous est pénible dans la réalité, comme les formes d'animaux les plus méprisés et des cadavres (Aristote)

Witkin soulage et ouvre l'esprit. C'est un artiste sinon à aimer, au moins à connaître.


L'exposition Hell or Heaven est disponible jusqu'au 1er Juillet 2012 au site de Richelieu-BNF.