samedi 9 octobre 2010

[Farewell]

Son de basse. Le volume est au maximum. Septième ciel. Elle n’entend plus rien d’autre que les rugissements d’une guitare et les hurlements d’un chanteur de toute évidence dérangé. Rien de désagréable, au contraire. Elle tape du pied en rythme avec la batterie, un rythme endiablé, entraînant. Ses lèvres forment des mots, inconsciemment, elle récite comme une leçon les paroles du morceau. Elle les connaît, par cœur, comme beaucoup d’autres. Son voisin la dévisage, légèrement intrigué. Aurait-elle un problème au niveau de ses muscles faciaux ? Un tic, un spasme ? Non, non. C’est juste Korn. D’un geste visiblement rôdé, elle réajuste ses écouteurs. Pourquoi se priver d’un tel son ? Magique. C’est une drogue. Silence. La lecture aléatoire est enclenchée, petite prière intérieure pour tomber sur une chanson d’..

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Apocalyptica. Dieu existerait-il ? Magnifique. Elle ferme les yeux, c’est l’introduction. Douce mélodie, violoncelle de son cœur. Celui de tête semble pleurer ; l’autre lui offre son épaule pour se consoler. Et le dernier guide les pas des premiers. Contrebasse, léger silence, une larme coule encore, elle ouvre les yeux. La musique s’envole, ses pensées avec ; do you like music, Evey ? Douceur et dureté se mêlent, tristesse et joie, espoir, espoir, espoir. Confiance. Les mots lui manquent. Elle ne pense plus, à vrai dire. La mélodie l’envahit, pénètre son âme, la viole doucement. Paradoxe ? Elle se sent nue, devant ces notes. Comme à découvert. Mais sans que cette sensation ne lui déplaise. La beauté des choses lui devient évidente, même ces petites taches de terre séchée sur le sol lui paraissent belles, simplement belles. Instant saisi, unique au monde, jamais plus ces traces ne seront les mêmes. Demain, piétinées, recouvertes de boue ou de poussière, elles ne seront plus là. Et il y a quelques minutes, elles étaient certainement différentes. Et la dame, en face, au bout du wagon, elle non plus ne serait plus jamais la même, n’aurait plus cette expression de paix sur le visage.

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La chanson s’achève, et la jeune fille reste le regard fixé devant elle, les notes résonnent encore dans son esprit. Elle les pianote, du bout des doigts. Elle songe à maintenant. Il faudrait vraiment penser à retenir chacun des moments anodins qui font une journée. Ce sont les meilleurs.

lundi 4 octobre 2010

On dit que quelques fois, dans la vie, il faut savoir oublier certaines personnes pour avancer. J'ai mis du temps à comprendre ce principe. Je suis passée par l'amitié, l'amour, la pitié puis la haine, avant de trouver ce fabuleux équilibre que je recherchais depuis des mois : l'indifférence.
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Je n'écris pas ici pour moi, mais j'écris pour tous ceux qui, comme moi, ont souffert à cause et pour les autres. Tout finit toujours par changer. On pourrait imager le tout par un prince arrivant au galop sur son cheval blanc, magnifique cavalier sur son beau destrier, sauvant la princesse d'une mort certaine (enculé de dragon). Mais plus simplement, le changement peut se présenter par un vague pseudonyme dur à retenir, une conversation désintéressée sur trois modèles de guitares, une promesse, des marches, un thé.
Et si je te prends la main, tu pars en courant?
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Et ta main dans la mienne. Ma main dans la tienne. Arrêt sur image. Je m'empourpre, tu ne le vois pas, parce que je suis accrochée à toi. Sensation de paix, sentiment que la terre pourrait cesser de tourner : je suis bien. Scène banale dans les rues de Paris, personne ne nous regarde, non. Pourtant, j'ai cette étrange impression que le monde entier a retenu sa respiration pour me voir heureuse, comme libérée.
Je t'ai trouvé?
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J'ai avancé. Tu m'as permis d'avancer. Depuis, j'ai renoué avec mes amis, ceux que ma douleur et mon égocentrisme poussé avaient fait fuir, à juste raison. Depuis, je me sens bien. Je sens le manque, mais un manque sain -si tant est qu'un manque puisse l'être. Je sens l'amour, et je sens le bonheur.
Je sens l'avenir à portée de ma main.

Je ferai de mon mieux.
Promis.